Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: Fraternité islamo-chrétienne: les chemins du possible Mer Nov 27 2013, 11:49 | |
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Fraternité islamo-chrétienne: les chemins du possible
26 Novembre 2013,
par Pierre-André BIZIEN Malgré une actualité qui, depuis quatorze siècles, pousse des millions de consciences à l'écoeurement, la perspective d'une grande réconciliation islamo-chrétienne mondiale doit constituer l'un des objectifs de notre temps. Rêverie sentimentale, pense-t-on chichement, en nous basant sur la croûte cynique du réel. Certes. Mais le spectacle des faits quotidiens leurre notre coeur autant qu'il informe notre intellect; car si la réalité est une chose, la vérité en est une autre... et d'une tout autre envergure. Des anapurnas de cadavres, entassés de part et d'autre, obstruent notre champ de vision spirituel. Dieu sait combien la chair chrétienne fut martyrisée en pays d'islam, combien d'injustices furent commises au nom d'Allah à l'encontre d'hommes et de femmes coupables de ne pas confesser la bonne foi. Ces injustices persistent malheureusement à l'heure actuelle, tâchant de sang les âmes qui les infligent, comme les consciences qui les nient. Honte surtout, à ceux qui récupèrent ces tragédies pour s'en faire un trophée victimaire. Honte au "moi pathétique", si avide du sang des siens qu'il serait prêt à fantasmer des génocides pour appuyer sa précellence romantique. Voici le cancer de notre époque, qui ravage aussi bien les entrailles du christianisme que celles de l'islam. L'ethos traditionnel des musulmans et des chrétiens diverge radicalement de ce travers efféminé, qui est devenu le lot commun de nos communautés respectives. Honte aux nôtres, mutuellement. Ce que les sociétés musulmanes ont fait endurer aux âmes chrétiennes, l'Occident l'a souvent plus que rendu ; on a charcuté de l'arabe avec un esprit de gratuité, un dévouement confinant à la mystique. Il ne revient pas aux hommes d'instituer l'heure des comptes ; elle appartient à Dieu qui seul peut juger. Chacun le sait, mais toujours superficiellement, sans ne jamais en tirer leçon. D'où notre première affirmation: tant que nous en resterons, subliminalement, au temps des comptes, la fraternité islamo-chrétienne restera morte. - Deuxième affirmation: plutôt que d'imaginer une sorte de grand soir fusionnel à guetter, réalisons notre objectif au plus bas: dans les détails du quotidien. Rivalisons de grandeur spirituelle, épatons-nous mutuellement. Avant que de fantasmer de grandes synthèses de conciliation théologique, amorçons le travail en agissant côte à côte contre les misères temporelles. Voici d'ailleurs ce que nous recommandait en son temps Jacques Maritain: nous concentrer sur l'action commune; notre rapport mutuel ne doit pas être "supra-dogmatique", mais "supra-subjectif" (c'est-à-dire qu'il doit nous faire "sortir de nous-mêmes"). Cet au-delà de soi doit être un objectif constant. - Troisième affirmation: la fraternité islamo-chrétienne s'approchera de nous lorsque nous aurons réellement entamé une guerre acharnée contre le "moi pathétique", contre l'égotisme communautaire. Il nous faut aussi, bien que cela puisse être dangereux, nous retrouver vers une perception renouvelée de la mortification. Cette dernière, au-delà de ses caricatures morbides (surtout chrétiennes), peut nous aider à apprivoiser la souffrance, à la convertir lorsque cela est possible. Ce point est trop souvent négligé de nos jours, par pleutrerie. Le poids du "qu'en dira-t-on" est ici tout puissant. - Quatrième affirmation: reconnaître en nos coeurs, au-delà de la vérité, une sphère de la vérité (islam et christianisme s'y côtoyant: non pas les croyants, mais les révélations). cette sphère de la vérité, qui inclurait le judaïsme, serait à considérer dans une perspective théologique prudente. Elle permettrait d'approfondir l'alternative vérité/erreur, trop souvent littéralisée, comprise claniquement (et donc y incluant subrepticement des groupes humains, bénéficiant d'une sorte de supériorité tribale magique sur les disciples indistincts de l'erreur). - Cinquième affirmation: si l'actualité semble nous interdire tout espoir de fusion fraternelle islamo-chrétienne, n'oublions pas qu'il y a seulement quelques siècles, protestants et catholiques s'entretuèrent à travers toute l'Europe. Qui, à l'époque, aurait pu concevoir que nous serions un jour en état de paix profonde? La logique des faits interdisait de supposer ce qui est pourtant advenu. Pierre-André Bizien Source : http://www.milkipress.fr/2013-11-26-fraternite-islamo-chretienne--les-chemins-du-possible.html Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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