11 Novembre : le président hué, les manifestants arrêtés
Le 12 novembre 2013
Joris
Karl
Journaliste.
En France, incontestablement, la tension monte d’un cran. Nous n’irons pas jusqu’à parler « d’insurrection » comme le fait à notre place la presse allemande, mais nous ne sommes peut-être pas loin d’une rupture de grande ampleur.
De fait, les images sont impressionnantes. La voiture présidentielle qui file sous les huées de la foule à Paris lors des cérémonies du 11 Novembre ! La police, qu’on aurait aimé voir plus vaillante avec les émeutiers du Trocadéro, qui interpelle sans ménagement les manifestants pacifiques (73 interpellations à l’heure où j’écris) ! Un scénario digne d’un régime dictatorial qui ne survit que par la force…
Fidèle à elle-même, la télévision a choisi son camp : par un étrange hasard, le micro d’i>TELE se trouve là, lorsqu’un individu d’une trentaine d’années environ, bourgeois à lunettes au look UDF, prend à partie les hueurs anti-Hollande, dont un bon nombre sont coiffés de bonnets rouges ! Veillant à se placer face aux caméras, prenant soin de bien parler dans le micro, l’homme déclame son catéchisme comme lors d’une récitation au tableau : « Quand on est républicain, on n’agit pas comme cela ! Vous devriez avoir honte, ici on commémore la Grande Guerre. » Toujours ce mot obsessionnel, « républicain », mis à toutes les sauces depuis tant d’années. Au point où on en est, je crois que même ma tortue est républicaine, mais enfin, passons !
De son côté, Valls donne son désormais classique coup de menton devant les journalistes : « Toutes les personnes interpellées sont connues pour leur activisme et leurs idées. Elles font partie du Printemps français ou du Renouveau français. L’extrême droite n’aime pas la France, c’est ce qui la caractérise depuis toujours. » Rappelez-vous, cher lecteur, si vous ne faites pas partie du camp du Bien (le gouvernement et ses alliés), vous êtes d’extrême droite.
Tous ces incidents et cette répression tombent bien mal, le jour où le pouvoir en place a décidé d’honorer deux 11 Novembre de légende, celui de 1940, quand étudiants et lycéens défièrent les autorités d’Occupation à Paris, et celui de 1943 à Oyonnax, qui vit la Résistance défiler dans les rues et déposer une gerbe au monument portant l’inscription « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ». Deux manifestations d’un magnifique courage, celui de la tradition éternelle d’insoumission du peuple de France.
Sous Hollande, que nous ne comparerons évidemment pas avec les nazis, la répression de toutes les résistances est néanmoins devenue la loi du quotidien, tandis qu’a contrario, les voyous des cités imposent le respect aux forces de « l’ordre ».
Ajoutant au climat de déliquescence générale, on apprend que dans les Bouches-du-Rhône, à Châteaurenard, un député UMP, Bernard Reynès, et deux autres élus ont été blessés à l’arme blanche lors des commémorations, « par un déséquilibré ».
La tension monte, je vous disais.
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