Stan
Date d'inscription : 30/08/2010 Localisation : Québec, Canada
| Sujet: Ma rencontre (éprouvée?) avec Marthe Robin Ven Aoû 02 2013, 23:35 | |
| - Citation :
Ma rencontre (éprouvée?) avec Marthe Robin
(Témoignage de Jacques Gauthier, théologien)
Je vous fais part de ma rencontre avec Marthe Robin, en septembre 1973, lors d'une retraite donnée par le Père Finet au Foyer de Charité de Chateauneuf-de-Galaure. Je vivais alors à l'Arche de Jean Vanier et j'étais attiré par la vie monastique. Je me souviens très bien de sa maison toute simple où elle est née et où l'on entrait par la cuisine. Je n'entendais que le tic tac de l'horloge et le ronronnement d'un chat. J'attendais avec fébrilité qu'un autre retraitant ait terminé sa visite qui ne durait normalement que trois minutes. Je passai enfin dans la chambre sombre de Marthe comme si je plongeais dans un bain de ciel. Je la devinais sur le lit, les pieds repliés sous son bassin. Je me disais qu'elle lisait probablement dans mon âme. Difficile de rester détendu lorsqu'on a vingt et un ans, qu'on est jeune converti plein de fougue et de poésie, et que depuis des jours on suit avec ferveur les enseignements du Père Finet. Marthe se chargea de me couper les ailes et de me ramener sur terre assez brusquement.
Je commençai tout de suite en la remerciant de souffrir pour la nouvelle Pentecôte d'amour. Gaffe à ne pas faire, car Marthe avait horreur des compliments. Le Père Finet nous avait averti, mais je croyais bien faire malgré ma naïveté apparente et mon amour sincère de Jésus et de l'Église. Elle interrompit mon élan en me demandant d'où je venais. Nul besoin d'être voyante tant mon accent me trahissait. Ça commençait mal. J'avais oublié de me présenter, trop occupé à jouer l'important et à lui faire plaisir par mon petit boniment. Lorsque je lui dis que j'étais à l'Arche pour quelques mois et que je venais du Québec, sa voix claire s'anima. D'une simplicité désarmante, elle me demanda des nouvelles de mon pays, de la température... J'étais désemparé. Je n'étais pas venu parler du beau temps et je savais que les minutes étaient comptées. Je lui posé «la» question qui me trottait dans la tête depuis des mois: « Est-ce que Jésus me veut à l'abbaye cistercienne d'Oka, près de Montréal? » Sa voix fraîche devint ferme, presque cassante : «Ce n'est pas à moi de dire quoi faire et à prendre des décisions, ma vocation, c'est de prier. Prions ensemble.» Nous avons récité lentement un Notre Père, un Je vous salue Marie et, je pense, un Gloire soit au Père. Mais j'étais incapable de prier, parce que trop déçu et humilié. Mon ego en prenait un coup. Une agressivité monta en moi, mêlée d'une frustration. Je me sentais ridicule en priant, rempli de moi-même. Je sortis de la chambre complètement bouleversé, ne sachant pas ce qui m'arrivait. Je me sentais l'esprit plus embrouillé que lorsque j'étais entré. J'étais comme dans un tunnel noir.. Il fallait que je trouve une issue.
Je fondis en larmes à l'extérieur. Je pleurai de rage, comme un enfant abandonné de ses parents. J'étais désespéré. Je criai à Jésus : « Je ne partirai pas d'ici sans retrouver la paix intérieure, sans avoir une réponse. » J'eus l'idée de revoir Marthe, mais c'était impossible. J'allai donc à l'arrière de la maison et je m'assis par terre, sous les volets de sa chambre. Je pleurai, je pleurai de misère, jusqu'à n'avoir plus d'eau à offrir. Je me sentais tellement misérable, un peu comme l'enfant prodigue. Je n'avais maintenant qu'à demander pardon et me jeter dans les bras de Dieu. J'expérimentai une fois de plus la miséricorde du Père. Et la paix du Christ arriva, avec cette joie intérieure qui en est le signe. Ma vraie rencontre avec Marthe, c'est au pied de sa fenêtre, assis dans l'herbe comme un bébé, que je la fis en vérité, parce que que j'ai pu communier à ma misère réelle et non à l'illusoire merveilleux.
C'est alors que la parole de Marthe me revint à la mémoire, lumineuse et forte : « Ma vocation c'est de prier. » C'était donc cela la réponse de Marthe. Je n'avais rien compris. Elle m'avait révélé ma vocation, la prière, c'est-à-dire l'union et l'offrande à Dieu, la relation intime et amoureuse au Dieu vivant. Et je peux attester jusqu'à ce jour que c'est bien ma vocation profonde, même si je ne la réalise pas pleinement. La prière atteste non pas que je suis saint, mais mon désir de le devenir. Aussi je tiens à cette oraison matinale où j'apprends la vie éternelle.
J'ai tout de même vécu quatre ans à l'abbaye cistercienne d'Oka. Comme Marthe aurait aimé être carmélite, j'aurais aimé aussi être trappiste, mais telle n'était pas la volonté de Dieu. Tout de même, Marthe avait eu bien raison de ne pas répondre directement à ma question. Mais quelle ne fut pas ma surprise de recevoir, un an après mon entrée au monastère, une lettre en provenance de Châteauneuf-de-Galaure où l'on me disait que Marthe pensait à moi et qu'elle priait pour moi. J'y ai vu un clin d'oeil de sa part...
Source : Se purifier pour renaître, Jacques Gauthier, Presses de la renaissance, 2004, p. 103-106.
Stan _________________ "Une pieuse réserve sur ce qui nous échappe vaut mieux qu'une âpre discussion sur ce dont on est incertain" (Adam de Perseigne)
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MONE
Date d'inscription : 14/09/2010 Localisation : France
| Sujet: Re: Ma rencontre (éprouvée?) avec Marthe Robin Sam Aoû 03 2013, 05:43 | |
| Très beau témoignage ! je suis aussi allée prier dans la chambre de Marthe, il y a quelques années, elle avait déjà rejoint le Seigneur mais son Esprit était très présent et une grande paix régnait dans cette petite pièce toute sombre. Je me suis confiée comme si elle était là et depuis elle m'a aidé à me rapprocher de plus en plus du Seigneur... | |
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Lily-Anne membre
Date d'inscription : 01/09/2010 Localisation : France - Provence
| Sujet: Re: Ma rencontre (éprouvée?) avec Marthe Robin Sam Aoû 03 2013, 15:28 | |
| Je n'y suis jamais allée mais j'ai rencontré Marthe par le biais de sa filleule. Depuis, elle m'accompagne dans la Communion des Saints...
L-A _________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] | |
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